Quel est le bon prix en vintage?

On vous dévoile, sans langue de bois, comment les prix sont fixés sur Imparfaite.

Le vintage est la plus grande opportunité de réduction de l’impact environnemental de la mode. Pour le démocratiser et l’imposer comme une solution à grande échelle, il faut qu’il reste le moins cher possible tout en permettant aux professionnels qui le structure d’en vivre convenablement.

Définir un prix pour un vêtement vintage est toujours une tâche délicate. Ce n’est pas comme l’argus, où il existe une côte officielle de référence. Chaque pièce de mode vintage est unique, et la traçabilité de certaines pièces est très difficile. Par ailleurs, l’une des beautés du vintage est l’émotion qu’elle génère. Et quand on parle d’émotion, on parle de subjectivité. Ainsi, la perception de la valeur peut être extrêmement différente d’une personne à l’autre. Il est donc quasi impossible de définir une grille de prix fixe (croyez-nous, on a essayé)

La mission du vintage: celle de réduire l’impact carbone du secteur textile

Le secteur textile est l’un des plus polluants au monde. Il est à l’origine de 2% à 8% des émissions de carbone selon les estimations. Pour contenir le réchauffement climatique, nous devons simplement produire moins de vêtements.  Car c’est la phase de production des vêtements qui est lourde en carbone (et non le transport). Si on veut rester en dessous 1,5° des Accords de Paris, nous devons diviser par 3 les volumes de vêtements produits et relocaliser dans des pays où l’énergie est plus plus propre (voir notre article à ce sujet: Pourquoi est ce que le vintage est la plus grande opportunité de réduction de l’impact environnemental de la mode)

Acheter seconde main, la fausse bonne idée. Acheter seconde main pour éviter d’acheter neuf apparaît évident pour diminuer notre bilan carbone individuel. Oui sauf que, contrairement à ce que l’on pense, acheter de la seconde main récente accélère la surproduction au lieu de la stopper. En effet, les plateformes de seconde main entre particuliers regorgent de fast fashion et donnent de nouveaux débouchés à ces produits. En permettant aux acheteurs compulsifs de revendre leurs achats, ces plateformes encourageraient la surconsommation et ainsi la surproduction. Ceci expliquerait pourquoi la fast fashion continue de grossir ces dernières années malgré l’explosion de ces plateformes de seconde main (lire notre article Le vintage n’est pas la seconde main! Et pourquoi il est écologiquement important de ne pas les confondre). 

Acheter vintage en revanche, c’est-à-dire un produit qui a plus de 20 ans, permet une réelle économie vertueuse dénuée de toute nouvelle production directe ou indirecte. 

Pour devenir une solution de grande échelle, le vintage doit rester accessible tout en rémunérant convenablement les acteurs de la chaîne

1- Le vintage est la seule option écologique et bon marché

Produire de manière responsable coûte cher**. Produire en France par exemple, où l’énergie est moins carbonée qu’en Asie, implique des coûts de main-d’œuvre plus élevés. Les marques de mode engagées n’ont pas d’autre choix que de proposer des prix plus chers pour rentabiliser leur modèle. 

Dès lors, acheter écologique relève du privilège. Peu de ménages aux revenus modestes peuvent en effet se permettre cet achat militant. Du coup ces marques s’adressent principalement à une cible qui a les moyens de bien consommer. ***

L’écologie n’est donc-t-elle que pour les “bobos”? 

Le vintage est la seule option écologique accessible à tous. En effet, les coûts de production originels ont déjà été absorbés par les utilisations précédentes du produit. Le vendeur ne porte donc pas cette charge financière pour rentabiliser la vente. Ainsi, le vintage se vend généralement entre 20% et 50% du prix d’origine pour des pièces qui sont encore d’excellente qualité.

2- Mais le vintage doit également permettre aux vendeurs professionnels d’en vivre convenablement. 

La filiale vintage dépend structurellement de vendeurs professionnels. Elle ne peut vivre sans eux.

  • Le vintage vient de dons faits par des particuliers à des réseaux de charité. Le plus connu étant Emmaüs. Chaque année, plus de 200 000 tonnes de vêtements sont collectés en France, principalement par le biais des bornes relais.
  • Après avoir trié une première fois les vêtements, Emmaüs garde moins de 1% de ces dons pour les distribuer dans les magasins solidaires Il revend le reste à des centres de tri étrangers. Contrairement à ce qu’on pense, très rares sont les vêtements donnés  qui vont à quelqu’un dans le besoin. La revente de dons génère environ 250 M€ de chiffre d’affaires pour Emmaüs chaque année, ce qui permet à l’association de financer ses différentes actions de lutte contre la pauvreté.
  • Les centres de tris, pour la grande majorité localisés au Maghreb et en Afrique Subsaharienne, effectuent un tri plus fin et revendent, au kilo ou au container, les vêtements les plus qualitatifs en Europe à des grossistes.
  • Les grossistes français récupèrent le stock de ces centres, les trient une nouvelle fois et arrangent les vêtements en “ballots” valorisés au poids. Ils créent des ballots par catégories de vêtements, si bien qu’ils vendent des ballots de manteaux, de pulls, de blouses etc…Le ballot de qualité A sera plus cher que les autres, les articles présents dans ce ballot ayant une valeur marchande théorique plus forte. 
  • Les vendeurs professionnels, friperies et dépôts-vente, achètent ces ballots aux grossistes. Certains arrivent à négocier avec ces derniers de choisir les produits un à un dans leur stock et de les payer à la pièce. La majorité achètent les ballots sans savoir ce qu’ils comportent exactement. Parfois ils ont des bonnes surprises et trouvent dans le ballot les pièces qui pourront le rentabiliser à la revente et parfois pas. Il est courant que certains produits soient en mauvais état et demandent beaucoup de réparation ou aient très peu de chance de se vendre. Pour éviter cette loterie, beaucoup de vendeurs complètent leurs achats en gros par des chasses personnelles: des brocantes, des successions, des dead stocks d’anciennes usines… Chaque vendeur a son “coin à champignons” du vintage, qu’il garde généralement très secret. Le vendeur vintage final fait donc un vrai travail de fouille, et de remise en état des pièces une à une afin de les mettre à la vente. 

Pour que nous arrivions à imposer le vintage comme un nouveau mode de consommation de grande échelle, il faut que les métiers du vintage se développent. 

Cela veut dire que de plus en plus de vendeurs professionnels arrivent à vivre de cette activité. Il faut que ces hommes et femmes qui trouvent nos vêtements vintage puissent se rémunérer convenablement sur la revente, sinon ils feront tout simplement autre chose! On ne parle pas ici de s’enrichir, regardez plutôt vers les grands groupes pour cela…

Le bon prix selon nous en vintage?

Le prix le plus bas qui garantit une marge satisfaisante pour le vendeur.

On répond sans langue de bois à vos questions les plus fréquentes 

  1. Qui fixe le prix sur Imparfaite? 

Le vendeur est libre de fixer son prix sur Imparfaite. Nous fournissons à nos partenaires des grilles tarifaires recommandées, mais ils ne sont pas forcés de les suivre. 

  1. Selon quels critères est ce que le vendeur fixe son prix?
  • Le type de pièce : un manteau coûte bien évidemment plus cher qu’un t shirt)
  • L’état de la pièce
  • Le temps et l’argent investis par le vendeur pour la remettre en état. Selon nos estimations, un vendeur met en moyenne 3H à remettre une pièce en état.
  • Sa rareté
  • Sa marque 
  • Le prix auquel le vendeur l’a lui même acheté 

Chaque pièce étant unique et chaque vendeur ayant sa structure de coût interne, il n’est pas rare que deux pièces a priori similaires aient des prix différents.

  1. Quel est le prix moyen d’un vêtement sur Imparfaite?

Le prix moyen sur Imparfaite est de 54€. Cela comprend les manteaux d’hiver et les pièces de luxe. Nous référençons des petits articles à quelques euros comme des sacs Chanel à 2000€. La palette est donc très large.

  1. Quelle est la commission d’Imparfaite et combien gagne un vendeur sur une pièce vendu sur Imparfaite? 

Imparfaite reverse au vendeur 80%HT des prix des produits vendus sur la plateforme. C’est à dire que sur le prix moyen de la plateforme de 54€, Imparfaite touche 10,80€. 

Cela nous permet:

  • de payer les frais financiers (paypal et stripe) de 1,70€ par pièce vendue en moyenne
  • de modérer les pièces proposées par les vendeurs par une équipe de stylistes et de s’assurer qu’elles sont toutes bien vintage 
  • de couvrir les retours gratuits depuis la France 
  • d’assurer les envois logistiques et de rembourser le vendeur et le client à la moindre perte ou vol 
  • de payer les frais associés à la gestion d’une plateforme en ligne (serveurs web par exemple) 
  • de payer les salaires des 30 personnes qui constituent l’équipe (Customer Care pour répondre aux questions des clients, Sales pour accompagner les vendeurs, Marketing pour faire vivre la communauté, Technique pour faire évoluer les fonctionnalités du site etc…)
  1. Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que Imparfaite est plus cher qu’en friperie? 

Pour deux raisons principales:

  1. Nous ne référençons que les belles pièces vintage grâce à notre équipe de modération. L’objectif est de vous faire gagner du temps en vous proposant la meilleure sélection de vintage. Les produits en mauvais état, trop récents ou trop datés, ceux qui sont généralement à prix cassés dans les friperies, ne sont donc pas acceptés sur Imparfaite. 
  2. Certains vendeurs impactent la commission de 20% sur leur prix afin qu’ils puissent garder la même marge qu’en vente directe. Notre service est le prix de pouvoir chiner des belles pièces depuis son canapé et en toute sécurité. 
  1. Pourquoi c’est plus cher que chez Emmaüs?

Emmaüs est une association, à but non lucratif, dont le but est la lutte contre la pauvreté. 

Elle vit grâce aux dons des particuliers et des subventions de l’Etat pour la soutenir dans son action de bien social. Emmaüs pratique des prix qui ne seraient pas possibles dans un business classique. Comme expliqué plus haut, Emmaüs est le premier acteur à se servir dans les dons avant de les revendre à des centres de tri. Le stock d’Emmaüs n’est donc pas impacté par notre activité et il est fort à parier que leurs prix n’ont pas vocation à augmenter tant que leur mission restera inchangée.

  1. Est ce que la fonctionnalité “faire une offre” fonctionne sur Imparfaite?

Oui! 60% des offres faites aux vendeurs sont acceptées dans les 24h. 

Camille Gabbi 

CEO et co-fondatrice d’Imparfaite

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