La solution pour une mode réellement éco-responsable

Pourquoi le vintage est la plus grande opportunité de réduction de l’impact environnemental de la mode

Le vintage est la seule solution qui permette au plus grand nombre de vivre pleinement la mode, c’est-à-dire de changer de vêtements régulièrement, sans pour autant augmenter l’empreinte carbone globale du secteur, sans encourager la production de nouveaux vêtements.

Même si on voulait regarder ailleurs, la réalité nous rattraperait, et c’est d’ailleurs ce qu’elle est en train de faire… Plus que jamais, il est difficile de nier les conséquences du réchauffement climatique sur nos vies. Cela fait des années que les spécialistes et climatologues nous mettent en garde, aujourd’hui les sécheresses, canicules, incendies, tempêtes etc font partie intégrante de notre quotidien.

Devant l’urgence climatique, la mode doit réduire les volumes produits

Le textile est l’un des secteurs les plus polluant du monde. Il serait responsable entre 2% et 8% des émissions de gaz à effet de serre du monde. Pour tenir les accords de Paris et rester en dessous des 1,5° de réchauffement climatique, il faudrait que le secteur textile divise par trois ses volumes de production d’ici 2050. En effet, contrairement à ce que l’on pense, c’est la phase de production du vêtement qui est la plus émettrice de gaz à effet de serre: lors de la production des matières premières nécessaires (52%) , puis lors de la manufacture (tissage, assemblage etc) qui pèse pour 43% des émissions du secteur*. Le transport, lui, ne représente que 1 à 3% des émissions. La raison : cette production est aujourd’hui majoritairement localisée en Asie, où les machines tournent à des énergies fossiles très polluantes, comme le pétrole ou le charbon.

Pour atteindre les objectifs de réduction du secteur il faudrait donc: 

1/ ralentir largement les volumes produits

2/ relocaliser ce qui est nécessaire en Europe et notamment en France, où les énergies sont plus propres.**

Doit-on arrêter d’acheter autant de vêtements? Oui mais…

  • Course à la surconsommation, gaspillage vestimentaire et perte de pouvoir d’achat 

Depuis 25 ans et l’essor de la fast fashion, les petits prix conjugués à la multiplication des messages publicitaires, nous encouragent à acheter des vêtements comme s’ils étaient des biens consommables. En même temps, quand un vêtement coûte le prix d’un sandwich***, pourquoi s’en priver? Acheter devient un plaisir en soi, une balade du dimanche, peu importe ce qu’on achète, même si c’est pour finir au fond de son placard. Une femme française achète en moyenne 29 vêtements par an, mais n’en porte que 30%. C’est en moyenne 450€ par an gâchés en consommation compulsive..

  • Cinq vêtements neufs par an par personne pour tenir la neutralité carbone

Tout le monde a un bilan carbone… Certains plus importants que d’autres… Aujourd’hui un Européen consomme en moyenne 10 tonnes d’équivalent CO2 par an. Pour atteindre la neutralité carbone il faudrait qu’on passe à 2 tonnes par personne par an. Cela nous donnerait un budget théorique pour la mode de 80kg d’équivalent CO2 par personne par an. Sauf que chaque unité de vêtement coûte cher… surtout si elle est produite en Asie… Par exemple, un t-shirt produit en France coûte en moyenne 5Kg d’équivalent carbone, contre 12kg s’il est produit en Asie. Un pantalon 17kg d’équivalent carbone s’il est produit en France vs 38kg s’il est produit en Asie!  Théoriquement donc, avec 2 jeans produits en Asie par an, on a déjà épuisé son budget carbone pour les vêtements…ce qui est très loin des 29 unités d’habits achetés en moyenne en France…

  • Peut-on y arriver?

Si malgré l’urgence climatique les marques de fast fashion continuent de croître aussi vite, ce n’est pas parce que nous sommes tous mauvais. C’est parce que la mode n’est pas aussi superficielle qu’elle en a l’air…

La mode est sociale et sociétale, elle permet de s’identifier à un groupe ou au contraire de s’en défaire. La mode est émancipatrice, elle permet de se définir. La plupart des sous-cultures ou mouvements de contestations ont eu des codes vestimentaires forts, partie intégrante de leur identités et de leurs revendications, pensez aux punks par exemple, ou aux hippies.

Ainsi, l’injonction à ne plus acheter de vêtements, au nom du principe de sobriété, est très difficile à faire accepter. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes, les plus consommateurs de fast fashion, qui ont le plus besoin de la mode pour s’émanciper.  C’est d’autant plus vrai que les réseaux sociaux jouent aujourd’hui le rôle d’accélérateur, et mettent l’emphase sur la représentation et l’image de soi. Il faudrait donc une solution qui permette de continuer à vivre la mode pleinement, sans produire davantage… Vous voyez où on veut en venir?

Pourquoi le vintage est-il la solution? 

Le vintage est la seule option qui permette de vivre pleinement la mode, à grande échelle, sans pour autant engendrer de nouvelles productions de vêtements.

  • Tous les styles existent en vintage! Il s’adresse à tout le monde, pas besoin d’être extravagant pour s’habiller vintage.

Tout a déjà été fait en vintage. “J’adore le style vintage” ne veut rien dire… Vous pouvez être très classique, bohème, rock, boyish, streetwear, romantique etc.. tout ce que vous voulez en vintage vu que tous les styles connus ont déjà été produits il y a au moins 20 ans. Pas besoin d’être excentrique pour s’habiller vintage.

Vous cherchez une pièce en particulier ? Son équivalent existe très certainement en vintage… le problème est de le trouver.

On va d’ailleurs vous révéler le secret le mieux gardé des maisons de mode…La plupart des vêtements que vous voyez défiler sur les podiums ne sont que des copiés/collés/assemblés d’anciens vêtements vintage…Le rythme effréné de sorties de collections (6 à 24 par an pour la plupart) conjugués aux besoins de rendements financiers, font que les studios de création n’ont plus le temps de créer des vêtements vraiment nouveaux…La plupart des stylistes sont des fans absolus de vintage et des dénicheurs hors pair. Ils ont été biberonnés aux images de l’histoire de la mode et il est bien naturel qu’ils s’inspirent de leurs designers vintage préférés pour créer. 

Julien Sanders est un consultant vintage pour des grandes maisons de mode. Il accompagne les studios de mode dans leurs processus de création et confirme que souvent les studios achètent des vêtements vintage pour les reproduire, parfois même à l’identique. Comme il le dit justement “les maisons de mode créent des concepts, des images qui font rêver, mais cela fait bien longtemps qu’elles ne produisent plus de vêtements vraiment nouveaux”. On a eu la chance de l’interviewer, c’est un puits de savoir sur les coulisses de la création de mode: découvrez la vidéo ici

Le compte instagram diet_prada a commencé à se faire connaître en spottant les ressemblances non assumées des marques et en révélant leur influence, certaines sont flagrantes. 

@diet_prada

 Du coup, si on résume, la mode copie le vintage avant d’être elle-même copiée par des marques de fast-fashion…

La mode est vraiment un éternel recommencement, pourquoi acheter la copie quand on peut se procurer l’original? 

  • Il existe suffisamment de pièces vintage pour couvrir des générations entières de femmes et d’hommes

Il est très difficile de savoir avec précision combien d’unités de vêtements vintage existent aujourd’hui. La plupart des stocks vintage s’échangent en kilos, et un manteau ne pèse pas la même chose qu’un t-shirt. Par ailleurs, il est quasi mission impossible d’estimer le nombre de vêtements vintage encore dans nos placards.

Selon les rapports, les chiffres varient de 10 milliards d’unités de vêtements vintage disponibles aujourd’hui à 130 milliards…! 

Ce que l’on sait en revanche, c’est que +100 milliards d’unités de vêtements sont produits aujourd’hui chaque année, pour une population mondiale de moins de 8 milliards de personnes…

On dit souvent chez Imparfaite que le vintage est la sélection naturelle des vêtements. Si on considère la mauvaise qualité relative des vêtements produits aujourd’hui, si 1% des vêtements tiennent 20 ans, cela fait 1 milliard de nouveaux vêtements sur le marché vintage chaque année! 

Il y a un bémol cependant. Certains vêtements sont, il est vrai, plus difficiles à trouver en vintage soit pour des raisons d’hygiène, comme les sous-vêtements, ou pour des raisons d’usure. Les maillots de corps par exemple ou les chaussettes sont étonnement des produits difficiles à trouver car quand on décide de ne plus les porter c’est souvent parce qu’ils ne sont plus en état. Ces produits sont donc ceux qu’on pourrait acheter dans notre quota de vêtements neufs par an alors que tous les autres pourraient être achetés en vintage. 

  • Le vintage est accessible à tous les porte-monnaies

Oui, acheter des marques green coûte plus cher à court terme

C’est la fameuse “prime au vice” dénoncée par En mode climat: «Aujourd’hui, plus une entreprise pollue et plus elle est compétitive ». En effet, produire en France où l’énergie est moins carbonée coûte plus cher notamment sur la main-d’œuvre. Acheter des matières écologiques est plus cher, tout comme gérer ses invendus et ses déchets. Il est évidemment plus simple de rejeter ses eaux usées dans le fleuve le plus proche que de mettre en place des systèmes de retraitement de l’eau par exemple. 

Forcément ces coûts, beaucoup plus importants pour une marque green, rognent la marge et pour s’en sortir elles n’ont d’autres choix que de positionner les prix plus chers que ceux proposés par la fast fashion.

La marque engagée Maison Cléo avait fait le choix de la transparence en détaillant les coûts de production derrière chaque pièce.

Malgré cela, Marie, sa fondatrice, prend encore régulièrement la parole sur les réseaux sociaux pour dénoncer les copies de ses modèles par des marques non green qui en plus de copier ses modèles, les proposent à des prix cassés.

Alors oui, acheter de la mode responsable coûte plus cher, même si cela est totalement justifié. Il serait cependant illusoire de penser que tout le monde peut se le permettre.

Le vintage a l’avantage d’être accessible à tous. Des pièces vintage fantastiques existent pour quelques euros dans des réseaux de charité (tel qu’Emmaüs). Pour celles qui n’ont pas le temps ni l’envie de chercher, Imparfaite se veut être la manière la plus simple de chiner pour vous. Voir notre article sur comment sont fixés les prix sur Imparfaite ici. 

Il est essentiel que le secteur textile réduise ses émissions carbone pour maintenir l’habitabilité de cette terre. Cela passe nécessairement par une réduction drastique des volumes produits et par la relocalisation des productions restantes. Nous pensons que migrer vers le vintage est la plus belle opportunité de réduction des émissions carbone du secteur, car il y a suffisamment de pièces vintage pour tout le monde, dans tous les styles et pour tous les budgets. 

Camille Gabbi 

CEO et co-fondatrice d’Imparfaite

Journal